Moi en mars 2016 soit à 7 mois de grossesse !
Alors nous y voilà. Bébé est arrivé. Ce qu’en voit le tout venant c’est la joie, un petit chat mignon, adorable -plus ou moins calme- mais un nouveau-né. Qui s’est posé la question de « Et maman? ». Oui, on va vous demander si ça va, si c’est pas trop dur, si vous n’êtes pas trop fatiguée, s’iel dort un peu/beaucoup/bien/… (?), comment ça se passe et si vous avez un babyblues (question délicate)… Bref on va vous demander plein de choses mais il y a toutes les choses dont on ne parle pas, toutes les choses que personne ne voit et auxquelles personne ne pense à vrai dire. Alors moi j’ai envie de vous en parler, de mon corps, comment j’ai ressenti mon corps après l’accouchement. Les mois qui ont suivi même. Bientôt un an après avoir accouché je pense pouvoir dire que j’ai un peu fait le tour du « après ».
1 : Les jours qui suivent l’accouchement.
Je fais un « chapitre » consacré à ces quelques jours parce que c’est là que la dichotomie entre la grossesse et l’accouchement est la plus forte. Pour moi du moins. J’ai tellement détesté. Tant que bébé est dans l’utérus de maman, ce ventre est un ventre de femme enceinte, un ventre qui a des raisons d’être gros, visible. Il n’est pas vraiment flasque ou mou, il contient un petit être qui a pris ses aises durant au moins 8 mois (en général mais je pense qu’il en va sensiblement de même pour les femmes qui accouchent prématurément.) Ce gros ventre, qu’on l’aime ou non, il contient quelqu’un. On a envie de le toucher, le caresser, lui parler. Il est la paroi qui sert de lien de communication avec bébé. On en est presque amoureux de ce ventre à force (ou pas ceci dit mais moi j’ai eu une relation amour/haine à mon ventre durant la grossesse). On pose sa main fièrement dessus parce qu’il est une sorte d’écrin. Et après? Une fois que bébé est sorti? Une fois que votre corps n’est plus l’écrin qui contient la vie?
Et bien après le ventre n’est pas joli. Certaines l’acceptent probablement sans soucis, après tout c’est normal qu’il soit encore gonflé, flasque d’avoir été étiré pendant tout ce temps. Mais je l’ai détesté. Au point de ne plus le toucher. A la maternité il y avait un grand miroir dans lequel j’étais incapable de me regarder. Il m’a dégoutée. Cette sensation était amplifiée par la montée de lait, celle qui déforme avec excès la poitrine, qui la rend dure et douloureuse. En fait j’ai détesté parce que je n’ai simplement pas reconnu mon corps. C’est vrai que je n’y avais jamais songé à ce qu’il serait après ce corps un peu maltraité. Et ce qu’il était juste après, ce n’était pas ce que j’avais envie. Fatigué, tantôt dur, tantôt mou, toujours sensible et un peu douloureux.
C’est sûrement le seul point réellement très difficile pour moi durant le séjour à la maternité. Évidemment les nuits n’étaient pas simples cependant c’était gérable pour moi. Mais mon corps…
Dois-je parler des points sur mon périnée qui étaient sensibles, douloureux et qui m’ont empêché de me toucher ne serait-ce que pour me laver correctement? Je n’ose imaginer celleux qui en ont plus, qui ont une véritable déchirure ou une épisiotomie. Celleux qui ont besoin de plus de deux points. D’ailleurs je pense m’être répétée plusieurs fois que j’étais chanceuse et qu’il me fallait relativiser.
Je ne veux pas désespérer les futures mamans mais je pense que c’est important de parler de l’après. De parler du fait que ce n’est pas anormal d’être -un peu- mal dans son corps (ou pas d’ailleurs, tout dépend de chacun*e). Nous n’en parlons pas assez je trouve. Comment s’habituer à ce nouveau corps ? Il a fallu s’habituer à la grossesse et ce que ça implique et maintenant il faut faire avec un corps un peu déformé et parfois douloureux. Non, vraiment le séjour à la maternité a été compliqué pour moi. Inenvisageable de porter le moindre habit un tant soit peu près du corps même.
2 : Le quatrième trimestre :
Le quatrième trimestre c’est les fameux trois mois qui suivent la grossesse. Les trois premiers mois de bébé qui sont souvent si difficiles pour beaucoup de parents. Je pourrais écrire un article sur la sexualité post grossesse, c’est un thème à part entière. C’est assez lié au rapport à son propre corps. Mais bon pour revenir sur mon corps à part entière, il était assez sensible. J’ai perdu vite, très vite le poids de grossesse. Le poids en lui-même j’ai du le perdre quasiment intégralement (j’avais pris vingt kilos) durant les trois premiers mois. J’ai apprécié aussi le voir dégonfler, je parle de la rétention d’eau surtout. J’ai retrouvé mon visage, mes jambes. La rétention d’eau sur mon visage était assez impressionnante. J’étais énormément gonflée.
Pour perdre ce poids je n’ai rien fait de spécial, je pense être très chanceuse de ce côté, j’ai récupéré mon corps d’avant, tout simplement, sans soucis. Pas de régime spécifique ni d’effort particulier. Je m’estime véritablement chanceuse, je sais que ce n’est pas le cas tout le monde.
J’ai trouvé que les deux/trois semaines qui ont suivi l’accouchement ont été, dans l’ensemble, laborieuses. Les points qui donnent l’impression de ne jamais partir, le corps qui est ramollo, la fatigue qui se lit sur le visage, bref, dans l’ensemble c’est pas génial physiquement. Il m’a fallu un certain temps pour que j’ose me toucher à nouveau le ventre, le corps en général.
De toute façon j’ai trouvé que pendant les semaines qui suivent l’accouchement on est une maman et c’est tout. En tout cas, j’étais peut-être mal organisée, mais je n’ai plus rien été qu’une maman durant assez longtemps. Entièrement dévouée à babichat, plus de temps pour autre chose que de m’en occuper, alors le temps de m’occuper de mon corps? Que nenni ! Je ne dis pas que je n’ai pas aimé me consacrer à mon bébé, mais j’aurais peut-être du trouver le temps de m’occuper un peu de moi. (J’ai fait la rééducation du périnée six mois après l’accouchement…)
Bon, j’ai eu assez de temps cependant, pour croiser mon reflet au détour des miroirs et ne plus savoir m’habiller. La période de transition entre vêtement de grossesse et retour aux vêtements d’avant grossesse, c’est pas drôle. Les uns trop grands, les autres un peu juste. Se sentir boudinée et mal à l’aise. Je n’ai pas pu porter une chemise (que j’affectionnais beaucoup avant ma grossesse) avant un long moment.
Je pense que la grossesse a déformé la perception que j’avais de mon corps. Déjà parce que je ne me rappelle plus comment j’étais avant (vu que je ne m’étais jamais spécialement posé la question) et ensuite parce que les changements importants de poids, de formes, sur si peu de temps m’ont un peu perdus.
3 : Et après un an?
Bah en fait, je n’ai aucune réponse fixe. Objectivement je sais que j’ai récupéré -plus ou moins- le corps d’avant la grossesse. Je peux remettre mes fringues déjà, c’est un bon indice je suppose. Cependant j’ai tendance à penser que mon corps tout en étant des proportions sensiblement similaires, n’est plus vraiment le même.
Depuis un mois je me suis remise au sport. Remise? Mise tout court en fait. Mais je ressens 1- le besoin de prendre du temps pour moi 2- de tout faire pour apprécier à nouveau mon corps. Je sais qu’il semble pareil à avant. On m’a dit des dizaine de fois que jamais on ne pourrait deviner que j’ai eu un enfant. Certes. Mais moi je le sens et je le vois aussi quand je ne suis plus habillée, et il ne me plaît pas en l’état. Ceci dit je l’ai dompté malgré tout. Je n’ai plus de blocage à le toucher par exemple. Je n’aime pas le contact de la peau de mon ventre que je trouve molle, plus aussi bien tendue qu’avant mais c’est pas non plus la catastrophe. Je me dis que le sport et le temps aidant, ça va revenir. Je fais des gommages aussi, trois fois par semaine. Et puis, je me dis qu’un an c’est peu. Il y a un an j’étais encore enceinte, encore avec ce corps disproportionné (comme vous pouvez le voir en photo j’avais un beau ventre !), donc oui, il faut du temps pour le retrouver (peut-être) tel qu’il était. Ça c’est quand j’arrive à être rationnelle. Et puis, peut-être ne sera-t-il plus jamais tout à fait similaire. C’est aussi pour ça que je vais à la salle de sport minimum trois fois par semaines depuis un mois maintenant, je ressens le besoin d’être actrice (Vous remarquerez l’influence qu’ont les élections présidentielles sur moi, je parle comme une vraie politicienne !) de mon évolution physique.
Maintenant que mon corps va « mieux » ce sont mes cheveux qui tombent par poignées. J’en mets partout, c’est une catastrophe. Ça ne se voit pas en soi, mais ça n’est pas agréable. Ils sont ternes. D’ailleurs ma sœur -après trois grossesses et trois allaitements, il me faut le préciser- a du couper ses cheveux relativement courts tellement elle en a perdu et tellement ils sont fins et filasses aujourd’hui.
Je n’ai pas de maux spécifiques. Enfin si mes dents mais ça date d’avant la grossesse. Je suis juste mal à l’aise avec ce corps qui ne m’appartient plus tout à fait. Il a besoin que je m’en occupe, que je le sublime peut-être. Du sport, un nouveau tatouage?
Toujours à la maternité…
Pour conclure…
En fait je trouve qu’on ne parle que peu de ce que devient le corps d’une femme après l’accouchement. On surexploite le corps des femmes jeunes, sveltes, fermes etc. Puis on met en avant les rondeurs de grossesse, les gros ventre, on en fait quelque chose d’extrêmement esthétique -et c’est sûrement bien après tout- mais le corps après? Le corps après la grossesse? Le corps fatigué, le corps mou, le corps gonflé, ramolli, usé, flasque. Et les potentielles vergetures? J’ai été épargnée de ce côté mais ce n’est pas le cas de tout le monde, et on n’y peut rien. La grossesse laisse des séquelles, qu’on le veuille ou non. Et si certaines personnes échappent à tous les pièges tendus de la grossesse, elles sont chanceuses ! Entre les cernes, les règles douloureuses, le SPM puissance mille, les dents fragilisées, les cheveux affaiblis. Que sais-je. Je pourrais parler de tout ça dans un article, parler de tout le reste.
Il y a eu des avantages ceci dit. Je n’ai plus de boutons depuis la grossesse. Ma peau semble s’être régulée avec les hormones de grossesse. Ça c’est une chose plutôt agréable.
Le rapport au corps est infiniment personnel. Et je pense que le regard de son ou sa conjoint-e peut également jouer un rôle crucial, malheureusement parfois. Se remettre physiquement, c’est dur. Il faut le dire, une grossesse, c’est dur. Beau, peut-être mais difficile. Et je n’ai pas eu la plus difficile possible, pas de nausées, pas d’insomnies. Je pense qu’il est difficile d’imaginer ce que peut vivre une femme enceinte autrement qu’en le vivant. La notion d’appropriation du corps est crucial, pour moi elle l’a été, j’ai eu beaucoup de mal à accepter mon corps pendant la grossesse et j’ai été soulagée de le retrouver quelques mois après l’accouchement, si imparfait était-il à mon goût. Mais dans une société où le poids du regard d’autrui est aussi important, le changement peut être dur à accepter et envisager. Peut-être devrais-je parler plus longuement de tout cela, ces ressentis. A vous de me dire !
Je vous laisse avec une photo de mon babichat qui date de peu. Un grand babichat de bientôt un an …!
Des Bisous !